Entrepôts : la modélisation et l’ingénierie de sécurité incendieen plein développement
Pour mieux prévenir le risque incendie en entrepôt, la modélisation et l’ingénierie de sécurité incendie gagnent du terrain. Au-delà des obligations réglementaires, il s’agit de prévenir et de se protéger contre de coûteux sinistres.
“Le risque majeur en entrepôt, c’est l’incendie”, rappelle Pascale Limonier du Centre national de prévention et de protection (CNPP). Pour mieux prévenir ce risque et la propagation du feu, les exploitants disposent de plusieurs outils de modélisation et d’ingénierie, dont certains peuvent être exigés par l’Administration. En l’absence de modèle reconnu pour quantifier les conséquences d’un incendie d’entrepôt, plusieurs partenaires, dont l’Afilog, le CNPP et l’Ineris, ont mis au point un logiciel d’étude des effets d’un incendie sur l’environnement dénommé “Flumilog”. Cette méthode permet de calculer les distances d’effets associées à l’incendie d’une cellule d’entrepôt, ce qui permet de déterminer les surfaces qui peuvent être construites et la position de l’entrepôt sur la parcelle Cette méthode est reconnue par l’Administration, qui peut même l’imposer dans le cadre des études de dangers (EDD). C’est le cas pour les entrepôts relevant des rubriques 1510, 1511, 2662 et 2663 de la nomenclature des installations classées (ICPE). La méthode est assez simple, elle nécessite de rentrer les caractéristiques des cellules (toiture, parois…), les modes de stockage (palettes ou vrac), les combustibles stockés et les cibles potentielles d’un sinistre. Elle permet de couvrir la plupart des cas rencontrés mais ne peut en revanche s’appliquer pour des bâtiments de plus de 23 mètres de hauteur.
“Attention à être très proche des caractéristiques d’exploitation, en particulier sur la composition des palettes ou encore la distance entre les racks”, prévient toutefois Pascale Limonier. “En cas de configuration particulière, il faut justifier ses choix de calcul. Sinon, on peut avoir des surprises au moment de l’instruction du dossier ou lors de l’exploitation”, ajoute la chargée d’affaires du département Feu et environnement du CNPP. L’ISI s’impose pour les grands entrepôts, Mais les études menées via cet outil peuvent se révéler insuffisantes. “Nous sommes parfois confrontés à des études Flumilog au rabais”, témoigne Benoît Fradin, commandant des pompiers au Sdis de Seine-et-Marne. Un département aux portes de Paris qui abrite de très nombreux entrepôts logistiques. D’autant que le logiciel, s’il tient compte des caractéristiques de résistance thermique des parois, ne modélise les incendies que sur trois cellules au maximum. Or, le nouvel arrêté “entrepôts couverts” autorise des entrepôts de taille beaucoup plus significative. En présence de mezzanines, de grandes hauteurs ou de grands volumes, l’ingénierie de sécurité incendie (ISI) s’impose avec un objectif de sécurisation du personnel et des intervenants en cas de sinistre. L’ISI, qui consiste à modéliser en 3D de façon très fine le sinistre à l’intérieur du bâtiment, permet de définir les modalités de désenfumage, de calculer le délai de remise en cause des éléments de structure ou encore d’étudier l’évacuation des salariés. Une telle ingénierie pourra être exigée par l’inspection des installations classées en cas de demande d’adaptation d’un arrêté de prescriptions générales ou pour modéliser des évacuations de personnel. “C’est le cas de locaux sociaux en hauteur avec une seule issue de secours comme on peut en voir dans certains sites agroalimentaires”, illustre Pascale Limonier. Même si l’ISI va forcément coûter plus cher qu’un scénario basique sur Flumilog, “le recours à cette ingeniérie devrait devenir de plus en plus fréquent”, prédit Benoît Fradin. “Les scénarios sont rarement basiques et les projets logistiques qui sortent aujourd’hui sont trop complexes pour qu’un simple scénario Flumilog suffise”, confirme la représentante du CNPP.
Source : actu-environnement.com
Source : actu-environnement.com